L’approche typologique est évidemment toute aussi cruciale : qu’est-ce qui, dans telle ou telle échelle, relève de l’idée de l’échelle, de sa stricte définition, ou, au contraire, de son renouvellement, de son détournement, de son hybridation ? Certaines propositions expriment l’échelle à l’état pur, voire dans le cas des Front à l’état naturel (Tree Ladder, 2022), tandis que d’autres sont davantage ludiques à la manière de l’échelle-sarcophage Saqqarah (2022) de Jean-Baptiste Fastrez. En se dotant d’autres fonctions, l’échelle devient alors un meuble « en soi » et non plus seulement un « objet transitionnel ». C’est le cas avec Lassù de Pierre Charpin et son miroir au sommet, les échelles-étagères Ciels de Ronan et Erwan Bouroullec ou l’échelle-manifeste »WORLD LEADERS » de Virgil Abloh, haute de 350 cm (toutes les trois, 2022). En mentionnant le noms de figures noires emblématiques dans l’histoire de la lutte pour les droits civiques ou de la culture populaire. Quant aux propositions d’Edward Barber & Jay Osgerby (Yo Yo, 2022), François Bauchet (Level, 2022), Chris Kabel (Nodes, 2022), Muller Van Severen (Ladder, 2022) et Julie Richoz (O’Step, 2022), elles renouvellent les notions d’intervalle et de portée, en proposant barreaux non standard, en déconstruisant la structure traditionnelle, en se jouant des perceptions et des proportions – ce qui est somme tout logique quand il est question d’échelle.
En proposant à plus de vingt designers de repenser la forme, les matériaux, l’usage et l’esprit de l’échelle, la Galerie kreo offre non pas une seconde vie à cet objet du quotidien, simple et utile, mais une existence enfin visible. Il suffit de réfléchir à l’endroit où la plupart des échelles sont rangées pour comprendre qu’elle est l’une des impensées du design contemporain. Les échelles réunies dans « question.s d’échelle.s » seront elles bien visibles, en attente d’être empruntées.