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Ronan Bouroullec

17 novembre, 2023 - 13 janvier, 2024

Galerie kreo
31, rue Dauphine
75006 – Paris
Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec

Cette exposition présente une nouvelle série de dessins grands formats, des bas-reliefs inédits sur aluminium anodisé ou pastel gras, et une toute nouvelle collection de vases en céramique fabriqués au Japon.

« Des impressions colorées, des formes qui éclosent, des émotions ». C’est ainsi que Ronan Bouroullec évoque, dans Day after Day (Phaidon, 2023), le flux d’images qui sous-tend son travail et manifeste la manière dont il se développe, se ramifie, se déploie simultanément sur des territoires créatifs parallèles. Au fil des années, sa pratique du design s’est ainsi augmentée de contrepoints dont l’importance ne cesse de s’affirmer.

C’est en premier lieu le dessin, corpus immense longtemps contenu dans le registre intime, voire secret, de la réflexion préparatoire, de l’exercice spirituel, de la praxis. Depuis une dizaine d’années, une série d’expositions et de publications a permis d’affirmer pleinement sa dimension centrale et sa valeur autonome.

Puis la sculpture en bas-relief, dont on peut faire remonter l’origine à un moment documenté par une photographie postée sur Instagram à trois reprises (en janvier, mars et novembre 2019) : un gros plan de la main de Ronan Bouroullec découpant au couteau deux formes libres dans une plaque d’argile crue. Ce geste à main levée donne naissance à un répertoire d’éléments destinés à être émaillés, puis combinés afin de créer des pièces aux statuts très divers, jusqu’aux bas-reliefs montrés pour la première fois à la Galerie kreo à Londres en 2021, qui constituent depuis un chantier sans cesse approfondi, et aux sculptures dans l’espace présentées à Toulon en 2023.

Il faut encore mentionner la photographie, qui, s’affranchit-elle aussi progressivement du statut d’instrument de travail, sortant de la mémoire et de l’écran du téléphone pour accéder à la publication et même aux murs d’exposition (chez Licht à Tokyo à l’automne 2023) ; ou la gravure, avec la découverte en 2023, du plaisir de dessiner sur la pierre lithographique. Sans oublier l’exercice de l’exposition, qui a connu en 2023 une intensité particulière, avec notamment le triptyque présenté à Hyères et à Toulon dans le cadre du centenaire de la Villa Noailles, mais aussi à la Galerie kreo à Paris, à Milan, à Tokyo… Et enfin celui du livre, avec Day after Day (Phaidon, 2023) recueil quasi exhaustif de ses posts Instagram entre 2014 et 2022, journal essentiel d’une pensée et d’une méthode.

La nouvelle exposition de Ronan Bouroullec à la Galerie kreo témoigne de cette méthode, fondée sur la simultanéité des pratiques, qui privilégie l’expérience sensible, l’intuition et laisse la place à l’improvisation. Elle rassemble pour la première fois les 17 vases réalisés en 2022 à Tajimi au Japon — berceau et centre de la céramique Mino Yaki depuis plus d’un millénaire —, une série de bas-reliefs récents présentés à l’été 2023 à Toulon, et un ensemble de grands dessins inédits.

Elle est un moment d’assemblage de ces propositions inscrites dans les champs contigus du design, de la sculpture et du dessin. Dans ces champs ou plutôt à leurs bords, à leurs limites, là où peuvent se produire les osmoses : le vase comme lieu où la frontière est la plus ténue, la plus ambiguë entre les dimensions plastique et d’usage, les statuts de sculpture et d’objet; le bas-relief comme espace d’hybridation du dessin et de la sculpture.

Un moment d’assemblage d’histoires simultanées, qui témoigne d’une période de vie et de travail : quelques mois de 2022-2023 au cours de laquelle elles sont intimement contemporaines. Ce qui unit ces histoires, au-delà de la chronologie, c’est cette notion même d’assemblage, dont Ronan Bouroullec évoque ainsi l’importance : « Si on prend ce vase, cette chaise, je pense que le cœur de mon langage, c’est ce qui touche à leur mode d’assemblage, à la manière dont les formes, les plans, les matériaux se rencontrent en eux ». La question des modalités de la rencontre entre les matériaux et entre les formes est l’une des clés de de lecture qui permet de mieux appréhender la profonde cohérence de projets aussi différents que, pour ne citer que quelques exemples, les principes d’emboîtement des luminaires Chains (kreo 2016), la jonction des éléments de fer forgé de la gamme Officina de Magis (depuis 2016) ou du mobilier conçu pour la chapelle Saint Michel de Brasparts en 2023, mais aussi le système des Clouds de Kvadrat (2010), manifeste de cette démarche d’articulation des plans et des espaces.

C’est l’assemblage de cinq formes combinées par groupes de deux, trois, quatre ou cinq, qui donne naissance aux vases réalisés à Tajimi. Les éléments sont issus d’un processus mécanique d’extrusion de l’argile, et non de moulage, ce qui renforce la sensation de leur poids, de leur densité, de leur présence. Ce procédé permet également de donner à leurs angles un degré de précision tel que l’émail n’y adhère pas de la même manière que sur le reste des surfaces. Avec pour résultat un léger contraste qui vient affirmer la forme, et répond à la subtilité des infimes déformations qui interviennent à la cuisson. Ces minuscules irrégularités confèrent à l’assemblage résolument simple des pièces géométriques leur extrême délicatesse, leur mystère et leur charme.

La question de l’assemblage est aussi centrale dans les bas-reliefs, dans la mesure où elle détermine la dynamique de la relation entre le volume et le plan, la forme et le décor. Si tous les motifs sont réalisés en céramique, issus du même geste libre évoqué plus haut, les fonds (et les cadres, qui sont un élément à part entière de l’assemblage) proposent en revanche deux directions opposées et mises en tension, entre lesquelles le dialogue s’instaure : les uns, en aluminium anodisé, jouent sur un effet presque synthétique de halo ; les autres, aux pastels gras sur bois — avec un cadre en céramique —, leur répondent sur le ton de l’intime et de la profondeur.

Assemblage, enfin, des lignes de feutre dans les grands dessins dont la presque totale monochromie accentue la perception des points de contact, de la pulsation rythmique, des moments de saccade et des instants de glisse. Ce qui y est donné à voir, avec sa gestualité, c’est le temps même du dessin : un temps linéaire, continu, synchrone avec le temps ressenti, le temps vécu, marqué par l’immédiateté, par la contemporanéité du geste et de son résultat. Le temps de la création et celui de la vie accordés.

Martin Béthenod

Images de l'exposition

Pièces disponibles

2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

Ronan Bouroullec

2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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2023 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Bas-Relief SQUARE - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 01 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 03 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 05 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 06 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 07 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 08 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 09 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 10 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 12 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 15 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 16 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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Tajimi 17 - Ronan Bouroullec - Ronan Bouroullec.

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 - Ronan Bouroullec - .  - Ronan Bouroullec - .

Ronan Bouroullec est un designer et artiste français basé à Paris. Depuis la fin des années 1990, il réalise des pièces de design industriel aux côtés de son frère Erwan pour des entreprises telles que Artek, Alessi, Flos, Hay, Kartell, Ligne Roset, Samsung et Vitra, ainsi que des pièces exceptionnelles en éditions limitées avec la Galerie kreo. En tant qu’artiste, Ronan créé des dessins méticuleux et délicats dans lesquels il répète des séquences de lignes, à la main, avec un pinceau japonais...

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