Le projet All’aperto proposé par la Galerie kreo associe les designers Alessandro Mendini et Pierre Charpin sur le thème commun de la technique mosaïque appliquée à des objets mobiliers, destinés à l’extérieur. On pourrait aussi dire: jeu de mosaïque, comme jeu de mots. Le design est-il jamais autre chose que variations autour de ses équivoques? All’aperto indique cependant sans ambiguïté la direction adoptée, celle du dehors, de l’ouvert (aperto), résonant comme un « A la porte ! » à tonalité scolaire, toujours un titre de gloire pour l’indiscipliné du design. La mosaïque est aussi un dehors : le matériau cache la structure sur laquelle il est disposé. Il empêche qu’elle soit identifi ée et la rend d’ailleurs tout à fait négligeable. L’apparence reste un mystère : la matière est ici une énigme qui contient l’objet et le sujet, porte le monde intérieur et l’extérieur. Un dessin et un motif demeurent, donc, une silhouette et les nuances de son habit, porté par quelques fonctions élémentaires : un fauteuil, une jardinière, un banc et deux tables composent la proposition de la galerie. Tout est devant, dans le décor, dans la convention et le jeu. Si la mosaïque parle de détour, celui du jeu et de ses règles, elle convoque également la distance, d’ordre physique aussi bien que culturel. Avec celle du temps, l’ancienneté et la résistance du matériau, celle de l’espace : l’appréhension va changer selon que l’on est près ou non. Comprise dans la proposition All’aperto, loge l’hypothèse de Powers Of Two (puissance 2) : elle ferait référence à la collaboration des deux designers, Mendini et Charpin, comme au changement de perception qui s’opère du fait du grossissement de l’image de l’exercice des Eames, Powers Of Ten. En mosaïque, il est question de reproduction, non au sens technique, mais amoureux.