Chez lui, Marcel Brient vit avec une gravure de Sam Francis et des classeurs contenant les photographies de ses œuvres ; « tout est là, dans ma tête ». Chez eux, Clémence et Didier Krzentowski vivent avec leurs collections, d’art contemporain, de design, de luminaires et les souvenirs des collections précédentes. Cette rencontre est également celle de l’ascèse et de la profusion, qu’un même esprit réunit : attacher davantage d’importance à la prochaine pièce du puzzle qu’à celle qui vient d’être acquise.
À la Galerie kreo, dialoguent donc œuvres d’art, pièces de design et poésie. Voici la singularité de la proposition. Il ne s’agit pas que de voir mais aussi de lire et de dire, de peupler l’espace d’exposition par la ligne poétique. Et quels poètes : Arthur Rimbaud et sa « Lettre du Voyant », Paul Verlaine et sa « Sagesse », Antonin Artaud et son dessin et ses cahiers. Depuis le premier jour de son amitié avec Louis Clayeux, Marcel Brient a partagé sa passion de l’autographe, à Louis les ouvrages de poésie ancienne et nouvelle, à Marcel les autographes et les photographies d’écrivain. Justement, un écrivain, Susan Sontag dans « L’Amant du Volcan » (1992), a ses justes lignes sur le goût de collectionner : « Les collections rassemblent. Les collections isolent. Elles rassemblent ceux qui aiment une même chose. (Mais personne n’aime comme j’aime, moi ; ni assez.) Elles isolent de ceux qui ne partagent pas la même passion. (Presque tout le monde, hélas.) Je vais donc essayer de ne pas parler de ce qui m’intéresse le plus. Je vais parler de ce qui vous intéresse, vous. Mais cela me fera penser, souvent à ce que je ne peux pas partager avec vous. Oh, dites. Vous ne voyez pas. Vous ne voyez donc pas comme c’est beau. »
Il y a fort à parier que nous verrons tous comme c’est beau.
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Clément Dirié